Syrlybek Bekbotayev, Kyrgyz pass

Skills: Préfaces d'expositions
Syrlybek Bekbotayev, Kyrgyz Pass, 2015, © Alain Kaiser

Syrlybek Bekbotayev, Kyrgyz Pass, 2015, © Alain Kaiser

L’installation Kyrgyz pass de Syrlybek Bekbotayev, composée de 250 chapeaux blancs traditionnels kirghizes, suspendus au plafond par des fils transparents, est semblable à un chemin. Elle symbolise les routes escarpées et semées d’embûches que les immigrants d’Asie centrale, ou d’ailleurs, doivent parfois traverser.

L’œuvre de Syrlybek Bekbotayev aborde tout en subtilité des sujets politiques ou économiques qui font partie de la construction identitaire de l’Asie centrale. Cette œuvre attire l’attention du spectateur sur l’immigration vers la Russie qui, loin d’être un épiphénomène, augmente chaque année. L’artiste questionne le processus d’immigration, souvent perçu comme prélude à une nouvelle vie, et la réalité qui en découle. Kyrgyz pass en offre ici une vision singulière à la fois poétique et tragique.

Avec cette installation, l’artiste souligne la vulnérabilité des migrants, des migrants volontaires, ou non. Ils sont ces personnes anonymes dont les corps et les visages sont absents et dont le seul signe d’humanité est ce chapeau, symbole de leur provenance.

L’œuvre met en scène ces individus qui rêvent d’une vie meilleure, d’un avenir pour eux, pour leurs enfants. Ceux qui parcourent parfois des kilomètres pour trouver un travail en laissant tout derrière eux et qui, une fois sur place, forment une masse sans visage, aperçus sans jamais être réellement regardés.

Au travers de son travail, l’artiste illustre les bouleversements qu’entraîne le déracinement et rend compte de cette réalité dissonante. Il raconte ces histoires singulières qui, quelques fois finissent bien, d’autres fois moins, et sur lesquelles on s’attarde finalement assez peu.

Anne-Sophie Miclo