Zahra Poonawala, Constellations

Skills: catalogues d'expositions, Préfaces d'expositions

Noir. Bruits de mise en place.
Quelques consignes en allemand.
Silence. Respiration.
Clap.

Soudain, la musique jaillit et une constellation lumineuse apparaît sur l’écran noir. Telles des notes se déplaçant sur une portée, les points lumineux semblent virevolter au son de la musique. Un nouvel espace se créé ; les silences s’y répondent. L’on pense alors à la synesthésie, au mélange des arts, à la possibilité que l’image résonne de concert avec la musique dans une apparence quasi chorégraphique, ou «que les couleurs et les sons se répondent» à l’instar des correspondances entre les arts que Charles Baudelaire associait à la création même [1].
Très rapidement, on réalise qu’il s’agit de bien plus que cela, que les points lumineux sont reliés aux musiciens qui génèrent tout à la fois le son et l’image au gré de leurs mouvements. Le son n’accompagne pas l’image, l’artiste ne donne pas à voir une illustration de la musique mais celle-ci en train d’être interprétée. Elle n’ajoute rien, tout est déjà là inhérent à la scène.
Réalisée avec les musiciens du Stuttgarter Kammerorchester lors d’une résidence de Zahra Poonawala, Constellations vient prolonger l’expérimentation que l’artiste avait déjà entreprit auparavant en filmant seulement les mains des musiciens en action.
Ici, la composition de Bernhard Lang «Felder – Im Vorübergehen» (1993/2008), sublimée par l’intervention de Zahra Poonawala, instaure une dramaturgie haletante et empreinte de poésie. Les interactions sonores et visuelles, et les variations d’intensité qui en découlent, génèrent une structure spatiale et une temporalité singulière dans laquelle le son semble s’incarner ; jusqu’à ce que tout se fige à nouveau, laissant alors place au silence.

Anne-Sophie Miclo

[1] Charles Baudelaire « Correspondances » (1861) dans Œuvres complètes, éditions Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, 1975, p.11.

 

CONSTELLATIONS, Video HD, 12 minutes, 2016

Exposition au CEAAC, espace international, Strasbourg, Novembre 2016